SDIS 72 : comment aborder les craintes et attentes autour de l’intelligence artificielle

Introduction

Lorsqu’un service public explore l’intégration de l’intelligence artificielle, l’enthousiasme se mêle souvent à des interrogations légitimes. Au SDIS 72, l’audit mené a révélé non seulement des besoins précis, mais aussi des craintes partagées par les équipes.

Ces préoccupations sont loin d’être anecdotiques : elles reflètent la réalité du terrain et la nécessité d’une conduite du changement attentive. Impact sur l’emploi, sécurité des données, fiabilité des résultats… autant de points soulevés par les agents et qui doivent être adressés pour que l’IA devienne un véritable outil de soutien.

Cet article revient sur les principales craintes et attentes exprimées, et sur la manière dont elles peuvent être intégrées dans une stratégie d’adoption responsable.


La crainte de l’impact sur l’emploi

Pour certains agents, l’automatisation des tâches administratives fait naître une inquiétude : celle de voir disparaître des postes ou des missions. Les représentants du personnel ont relayé cette préoccupation, rappelant que la modernisation technologique ne doit pas se faire au détriment de l’humain.

Le message à retenir est clair : l’IA n’a pas vocation à remplacer, mais à soutenir. En réduisant la charge des actes répétitifs, elle permet aux équipes de se concentrer sur des missions stratégiques, opérationnelles ou à forte valeur ajoutée. C’est une logique de complémentarité, pas de substitution.


La sécurité et la confidentialité des données

L’un des points de vigilance les plus marqués concerne la protection des données. Les agents sont conscients que l’usage d’outils gratuits et grand public peut exposer des informations sensibles. Pour un service de sécurité civile, ce risque est inacceptable.

L’attente est donc claire : disposer d’outils sécurisés, encadrés, hébergés en Europe, et conformes aux réglementations en vigueur (RGPD, AI Act). La confiance dans les solutions choisies est une condition essentielle pour l’adoption de l’IA.


La fiabilité des résultats

Les équipes connaissent déjà certaines limites des outils d’intelligence artificielle : hallucinations, erreurs de calcul, approximations. Ces défauts alimentent la crainte de décisions prises sur des bases erronées.

Les agents attendent une pédagogie claire : savoir comment utiliser l’IA, pour quels types de tâches, et avec quelle supervision humaine. La responsabilisation des utilisateurs est perçue comme indispensable pour tirer parti de l’outil sans s’exposer à ses dérives.


Le besoin d’un cadre clair et partagé

Au fil des échanges, une inquiétude est revenue régulièrement : celle d’une adoption à plusieurs vitesses. Si chacun expérimente de son côté, avec ses propres outils et méthodes, le risque est de créer des écarts entre services et une perte de cohérence.

Les agents demandent donc la mise en place d’une charte IA. Ce document doit définir les usages autorisés, les outils validés et les règles de sécurité. Il doit aussi donner une vision partagée pour rassurer, accompagner et vulgariser les concepts auprès de ceux qui se sentent moins à l’aise avec l’informatique.


Citation clé

Colonel Frerson :
« Il faut qu’on essaye d’avoir tous au moins la même base. »


Conclusion

Les craintes exprimées par les agents du SDIS 72 ne freinent pas l’adoption de l’IA : elles en dessinent les contours. Elles rappellent que la réussite passe par un accompagnement humain, un cadre sécurisé et une communication transparente.

Aborder ces attentes, c’est créer les conditions d’une appropriation collective et responsable de l’IA. Le SDIS 72 envoie ainsi un message fort : l’innovation technologique ne peut réussir que si elle est pensée avec et pour les agents.

Dans notre prochain article, nous détaillerons le plan d’action proposé pour répondre à ces besoins et inquiétudes, et pour structurer une feuille de route réaliste autour de l’IA.

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